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Le Parfum au XXe Siècle

A la fin du XIXe siècle, l'industrie de la parfumerie française employait près de 20.000 personnes et réalisait un tiers de son chiffre d'affaire grâce à ses exportations. L'Exposition universelle de Paris consacra en 1900 cette réussite. La section dévolue à la parfumerie était splendidement décorée d'une fontaine centrale qui reliait entre eux les différents exposants. Ces derniers n'avaient pas hésité à contacter les grands noms de l'Art nouveau pour décorer leurs espaces.
C'est ainsi qu'Hector Guimard, créateur de la décoration des bouches de métro parisiennes, avait dessiné les flacons du parfumeur Maillot et que le graphiste Alfons Mucha s'était distingué chez Houbigant.

Madrigal de Molinard (1930) Car peu à peu, la perception du parfum avait changé. OUtre la fragrance, d'autres éléments devinrent importants, comme le flacon, son emballage et la publicité faite au tour de lui. Les parfumeurs s'allièrent à de grands noms de la verrerie (Lalique, Baccarat), à des graphistes ou à des publicitaires. La collaboration entre le parfumeur François Coty et René Lalique fut l'une des plus fructueuses. Elle permit au cristallier de perfectionner ses techniques et de produire, en plus des flacons de Coty, les contenants d'autres parfumeurs, tels D'Orsay, Guerlain, Lubin, Molinard, Piver, Roger&Gallet, Volnay...

D'autres verriers contribuèrent à l'essor de l'industrie du flacon Guerlain (Mitsouko, Shalimar, Coque d'or...), Desprez, Houbigany et Caron (Narcisse noir), les verreries Brosse, ensuite qui explosèrent à partir des années 20 avec le superbe flacon sobre et épuré du N°5 de Chanel et la fameuse boule noire de l'Arpège de Jeanne Lanvin.
Quand aux parfums, il ne cessaient d'évoluer, échappant désormais au règne de l'éphémère et de l'approximation. François Coty fut le 1er à associer dans ses compositions des senteurs naturelles à des fragrances reconstituées artificiellement. L'Origan, qu'il créa en 1905 est le 1er es grands parfums modernes. En 1917, il donna naissance à Chypre, qui allait devenir le chef de file d'une famille olfactive portant ce nom, aux notes de mousse de chêne, cite-labdanum, patchouli ou bergamote... Des fragrances dites orientales ou ambrées se développèrent, constituées d'odeurs douces, poudrées, vanillées et animales très marquées, telles que nous pouvons toujours les sentir dans L'Heure bleue et Shalimar de Guerlain.

Si les produits de synthèse avaient révolutionné la composition des parfums à la fin du XIXe siècle, une nouvelle catégorie de parfumeurs allait bouleverser la parfumerie elle-même, celle des couturiers. En 1911, Paul Poiret, qui s'était déjà illustré en débarrassant la femme de son corset, fut le 1er à avoir l'idée de diffuser un parfum pour compléter sa ligne de vêtements. Il baptisa ses parfums de Rosine, en hommage à sa fille aînée. Mais si Poiret avait saisi tout l'intérêt pour un couturier d'ajouter un rayon parfumerie à se boutique, il n'avait pas poussé la logique commerciale jusqu'au bout. Ce fut chose faite avec Gabrielle Chanel, qui lancé en 1921 un parfum portant sa griffe. Et pour un coup d'essai, ce fut un coup de maître! Le désormais légendaire N°5, créé par Ernest Beaux, fut le 1er parfum à incorporer des aldéhydes, des produits de synthèse très puissants qui apportaient outre leur odeur, un très grand pouvoir de diffusion aux compositions. Lanvin utilisa à son tour ces produits dans Arpège.

Dans les années 30, on vit arriver des fragrances baptisées «cuir» avec des notes sèche rappelant l'odeur du cuir et des inflexions florales (Scandale de Lanvin ou Cuir de Russie de Chanel). Les floraux évoluèrent avec des parfums comme Je reviens de Worth (1932). Après la seconde guerre mondiale, on assista à une évolution de la forme «Chypre» avec Femme de Rochas (1944), Ma Griffe de Carven ou Miss Dior (1947). L'Air du temps de Nina Ricci (1947) apporta une nouvelle dimension à la famille florale, tout comme Vent vert de Balmain (1945). Dans les années 50, la parfumerie française était à son apogée. Derrière Poiret, Chanel, Worth, Lanvin , Patou, tous les grands noms de la mode s'étaient tournés vers le parfum, Pierre Balmain, Carven, Jacques Fath, Christian Dior, Nina Ricci, Hubert de Givenchy.

Rue de la Paix de Corday (1952)
Magie de Lancôme (1950).

La France comptait aussi les plus grands compositeurs de parfums. Parmi eux, Edmond Roudnitska apporta une nouvelle petite révolution  dans la parfumerie avec l'emploi de l'hédione qu'il utilisa dans la création masculine l'Eau Sauvage. C'est en effet à cette date là que les parfums pour hommes prirent leur envol. C'est aussi durant cette période que la concurrence internationale s'intensifia, avec l'arrivée de parfums venus d'outre-Atlantique.
Aujourd'hui, le parfum est plus que jamais une industrie de luxe qui, comme tous les secteurs économiques, n'échappe pas à certaines contraintes. Les «nez» ne peuvent plus compter sans la logique implacable des services de marketing et doivent séduire une clientèle toujours plus exigeante.

Si le parfum du XXe siècle s'est enrichi dans avancées de la chimie des odeurs, celui du XXIe siècle devra résister aux modes, à la facilité et incorporer des technologies aussi révolutionnaires que la génétique. Le tout bien sur , sans perdre de vue qu'il procède d'une démarche artistique...

1: Si d'Elsa Schiaparelli, flacon en forme de bouteille de chianti, Paris, vers 1921.

2: N° 5 de Chanel, Paris, 19521.

3: Shalimar de Guerlain, Paris, 1925.

4: Miss Dior de Christian Dior, Paris, 1947.

5: Sleeping, d'Elsa Schiaparelli, flacon en baccarat, Paris, 1938.

6: Aladin Rosine de Paul Poiret, Paris, 1923.

 


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