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   Jeanne Lanvin   
          La Lady de la couture 

 

Jeanne Lanvin, dans le salon de son hôtel particulier, rue Barbet-de-Jouy, à Paris.

A 13 ans la petit Jenny court les rues les épaules chargées d'énormes boites à chapeau. C'est qu'elle voudrait bien gagner un louis d'or le plus vite possible. Elle se révèle extraordinairement douées pour reproduire à points menus des modèles sur les corps miniatures, permettant aux couturières de diffuser leur mode en province et à l'étranger. En 1983, à à 16 ans, la jeune fille entre dans un atelier de modéliste où très vite elle passe du grade d'arpète à celui de première garnisseuse de chapeaux.

En 1985, son louis d'or en poche, la jeune femme s'installe à son compte. Trois mois plus tard, la petite chambre de bonne de la rue du Marché-Saint-Honoré ne suffit plus à ses commandes et elle déménage rue Saint-Honoré. Quelques mois encore et la voici rue des Mathurins, s'offrant même le luxe de s'offrir un tripoteur à pétales qui lui permet d'effectuer elle-même ses livraisons.

Un jour elle se promène à Longchamp pour y observer la bonne société qui lui sert de clientèle, elle fait la connaissance d'un jeune homme, le comte Emilio Di Pietro. Ce gentleman élégant entreprend de séduire la jeune femme. Pari réussi mais au prix d'un grand sacrifice pour ce don juan : le mariage. De cette union naît celle qui va désormais orienter la vie de Jeanne : sa fille Marguerite. Quelques années plus tard, le couple divorce et Jeanne se réfugie dans le travail. Elle est désormais un chef d'entreprise accomplie, rigoureuse, créatrice d'une mode sobre, épurée, essentielle. Elle ne résiste pas au plaisir d'habiller sa petite Marguerite avec des vêtements qu'elle confectionne elle-même. Les clientes s'extasient devant cette fillette... Il leur faut les mêmes pour leur progéniture ! Le département enfants de Lanvin est né, qui fidélisera les clientes tout au long de leur vie.

Avec un style épuré et harmonieux qui souligna la grâce féminine, Jeanne Lanvin a marqué l'histoire de la mode du XXe siècle.

En 1907, elle épouse Xavier Melet, un journaliste qui deviendra consul de France à Manchester. Avec lui elle parcourt le monde. C'est au cours d'un de ses périples italiens qu'elle tombe en admiration devant le bleu d'un tableau de Fra Angelico, ce bleu un peu mauve qui deviendra le bleu Lanvin.

Dès 1925, Jeanne Lanvin s'est lancée dans la création de parfums. En 2 ans, 14 parfums ont vu le jour, parmi lesquels Irisé, discret sillage de violette et d'iris, Kara-Djenoun, souvenir d'un voyage égyptien, Géranium d'Espagne, Om fleurit l'oranger, Chypre et «Mon Péché», My sin.
Mais la grande dame de la couture n'est pas entièrement satisfaite. Elle s'est attachée les services d'un jeune compositeur de parfum talentueux, André Fraysse. Le chef-d'œuvé naît en 1927, harmonieux mélange de rose bulgare et de jasmin de Grasse, auxquels se mêlent subtilement le seringa, le muguet, le chèvrefeuille... Comment baptiser cette superbe composition de plus de 60 notes florales ? Quand Marguerite (devenue Marie-Blanche, comtesse de Polignac) porta une mouillette à son nez, elle n'eut qu'un mot : Arpège. Il fallait à ce parfum un flacon d'exception, en rupture avec ce qui existait à l'époque.

Jeanne demanda à Armand Rateau, célèbre décorateur-sculpteur à qui elle avait confié la décoration de son hôtel particulier, de le concevoir.

L'artiste créa la célèbre boule noire, que le dessinateur Paul Iribe décora à l'or fin. C'est encore Marie-Blanche qui fut à l'origine de ce qui constitue toujours l'emblème de la maison : la mère et la fille costumées pour une soirée, Jeanne penchée tendant ses bras vers Marie-Blanche. Plus tard les célèbres boules noires, parfaits symboles du style Arts déco, serviront aux autres fragrances de la maison.

En 1928, la Société des parfums Lanvin lancera L'Ame perdue et Pétales froissés. Suivront Scandal, sans E pour franchir les frontières, l'Eau de Lanvin, l'Eau de Cologne, Rumeur et enfin Prétexte.

Toutes ces compositions seront à l'image de celle que les Anglais avaient surnommée la «lady de la couture» : raffinée, discrète, exigeante.

 

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