Créateur dans les années 20 des pull-overs et gilets coordonnés, instigateur entre autres de la mode sportive féminine et des fameux sweaters rayés bleu et blanc à porter sur des jupes plissées, Jean Patou ne tarde pas à triompher aux États-Unis.

Il est également le 1er couturier à assortire ses modèles d'accessoires, sacs ou chapeaux, qu'il nommait des «riens», et à utiliser son monogame comme élément stylistique. Plus tard événement dans l'histoire de la haute couture parisienne, il prendra le risque de faire défiler des mannequins américains, dont la morphologie différait de celle des Françaises

Même si il ne se maria jamais, on lui prêta un grand nombre de liaison. Il n'est donc pas surprenant que les 1er parfums qu'il lança en 1925 portent des noms évoquant les étapes de l'amour : Amour-amour, Que sais-je ? et Adieu sagesse. Ces 3 parfums étaient des compositions aux notes fleuries fruitées que Patou avaient créées pour ce qu'il estimait être les 3 principaux types de femmes  : Amour-amour, une fragrance capiteuse, s'adressait aux brunes sensuelles, Que sais-je? plus léger, était destiné aux blondes, tandis que Adieu sagesse, avec ses accents nettement épicés, était exclusivement réservé aux rousses...

4 ans plus tard il innovait en lançant Le Sien, le premier parfum unisexe. Le couturier avait voulu «un parfum à dominante masculine, frais, tonique, convenant parfaitement aux hommes, mais également aux femmes résolument modernes qui jouent au golf, fument et conduisent à 120 Km/heure». La même année, Moment Suprême voyait le jour. Mais il manquait encore à cette grande maison un parfum «phare», à la manière du N°5 que Chanel avait créé quelque temps auparavant.

Début 1930 alors qu'il avait passé en revu toutes les fragrances, Henri Almeras, parfumeur attaché à la maison Patou, lui montra un dernier parfum composé des essences les plus précieuses de rose et de jasmin, il ajouta aussitôt que le prix de revient de cette composition était bien trop élevé pour être commercialisée. C'était sans compter l'audace de Jean Patou, que l'idée d'employer les produits les plus nobles séduisit immédiatement. D'ou vient le slogan : «Joy, le parfum le plus cher au monde». Plus de 60 ans après sa création, Joy figure toujours parmi les 5 plus grands parfums du monde et fait toujours entrer dans sa composition les plus belles fleurs de jasmin et les meilleures roses grassoises...

En 1933 Jean Patou lança Divine Folie et en 1935 ce fut Normandie, offert à chacun des passagers participant à la traversée inaugurale du célèbre paquebot. Le succès obtenu l'encouragea à poursuivre dans la voie du symbole et à l'occasion des premiers congés payés il créa Vacances. Ce fut son dernier lancement car il disparut prématurément en 1936.
Raymond Barbas, son beau-frère, reprit la direction de la maison alors déclinante et créa d'autres parfums, toujours dans le même esprit : Colony en 1938, alors qu'à la veille de la guerre l'Europe rêvait de fuir outre-mer, L'Heure attendue en 1946 pour célébrer la Libération et Câline en 1964.
Suivront 1000 (1972), un parfum composé d'essences extrêmement précieuses à la manière de Joy, l'Eau de Patou (1976), Patou pour homme (1980) et Sublime (1992). Toutes ces créations sont dues à Jean Kerléo, parfumeur attitré de la maison depuis le 1967, qui élabore lui-même les fragrances dans son laboratoire à l'usine Patou de Levallois-Perret, près de Paris.