Alors qu'enfant du côté de Turin Marie Adélaïde Nielli confectionne d'étonnants chapeaux pour les siens, elle ne sais pas encore qu'elle va devenir l'une des figure les plus importantes de la mode du XXe siècle. Et tout naturellement elle se tourne vers la couture en occupant les poste d'ouvrière puis de couturière confirmée.
Première d'atelier à 18 ans, elle épouse un florentin, Louis Ricci, s'installe à Monte-Carlo, puis à Paris, où elle devient modéliste. En 1905, elle met au monde un fils, Robert, et crée ses propres modèles pour de grandes marques.

En 1932, alors qu'elle possède désormais une renommée internationale, elle décide d'ouvrir sa maison de haute couture. Celle-ci portera le nom de «Nina Ricci» et sera dirigée par son fils.

En 1946, soucieux de diversifier les activités de la maison mais aussi d'exprimer sa sensibilité, Robert Ricci lui donne une nouvelle dimension en créant un parfum. Recherche, respect de la femme furent les moteurs de son inspiration. Entouré de parfumeur, il mit au point une fragrance fleurie aldéhydée qu'il baptisa Cœur-Joie. Il demande à son ami d'enfance Marc Lalique d'en créer le flacon. Le succès fut immédiat et fut réitéré deux ans plus tard avec le lancement d'un deuxième parfum, L'Air du temps, devenu l'un des classiques de la parfumerie.
Son flacon que l'on doit également à Marc Lalique, est universellement connu : les deux colombes qui surmontent le bouchon symbole de la paix et de l'éternelle jeunesse, les fleurs ont été dessinées par le peintre Christian Bérard. On estime qu'aujourd'hui un flacon de «L'Air du temps» est vendu à chaque seconde dans le monde

Pour Robert Ricci, le parfum devait sublimer la femme, il s'est affirmé comme un fervent défenseur de la création à travers la qualité de ses parfums, bien sûr, mais aussi l'esthétisme des flacons et de leurs coffrets ou encore des qualités artistiques entourant leur promotion. C'est ainsi que le peintre Christian Bérard travaillera sur le flacon cœur-Joie, qu'Andy Warhol ou David Hamilton contribueront à l'image de la firme dans le monde. En tant que parfumeur, Robert Ricci a participé à la création de tous les parfums, décidant lui-même des fragrances, sans l'appui l'appui de tests si cher aux services de marketing des grandes firmes.

La collaboration avec Lalique ne s'est jamais arrêtée et il existe aujourd'hui 7 flacons de luxe créés par le grand cristallier :
Cœur-Joie (1946), L'Air du temps (1951), Fille d'Eve (1952), Capricci (1961), Farouche (1974), Fleur de fleur (1982) et Nina (1987).

Très prisés des collectionneurs ils sont fabriqués da,s le nord de l'Alsace, à Wingen-sur-Moder, où à la cristallerie est installée depuis 1920. Chaque pièce, conçue selon des techniques traditionnelles, subit une quinzaine d'opérations de finition, toutes exécutées à la main par des artisans cristalliers : polissage, taille, satinage au sable pour obtenir des effets de transparence, bouchage à l'émeri.

Quand au parfum lui-même, il est fabriqué et conditionné depuis 1973 à Ury, au sud de Paris, dans un centre de production qui allie savoir-faire traditionnel et technologie de pointe.

Aujourd'hui malgré la disparition de Mme Ricci et de son fils, Nina Ricci demeure une maison familiale indépendante, qui étend dans le monde entier ses activités : haute couture, prêts-à-porter féminin et masculin, accessoires de mode, beauté et, bien évidemment, parfum. Nina Ricci compte à ce jour 8 parfum féminins et 2 masculins. Le dernier-né de la famille s'appelle Deci-Delà et son flacon, que l'on doit aux artistes Garoustre et Bonetti, renoue avec le caractère à la fois ludique et romantique propre à la maison Ricci.

Juste avant sa disparition, le 8 août 1988, à l'âge de 83 ans, Robert Ricci avait rendu un superbe hommage à sa mère en créant un très beau parfum floral qu'il nomma tout naturellement Nina.