Les Matières Premières d'Origine Végétale |
Si les fleurs sont les parties des végétaux les plus utilisées en parfumerie, elles ne sont pas les seules. Certaines matières premières que nous employons quotidiennement à d'autres fins sont également connues des parfumeurs.
Fleurs, pétales, boutons et bourgeons |
Racines et rhizomes Feuilles, herbes et tiges Bois, écorces, mousses et lichens Résines, gommes et baumes Fruits et zestes Graines et pépins |
La rose
De toutes les fleurs, la rose est certainement la préférée des amateurs de parfum depuis plus de 3000 ans. La parfumerie utilise 2 variétés botanique parmi les centaines d'espèces de roses connues: la Rosa centifolia, autrement appelée rose de mai ou de Provence que l'on trouve à Grasse ou au Maroc, et la Rosa damascena, rose de Damas, cultivée en Bulgarie et en Turquie. La centifolia de Grasse permet d'obtenir une concrète puis une essence absolue à partir d'un traitement par extraction aux solvants volatils. |
La centifolia du Maroc et la
damascena turque sont traitées à la fois aux solvant et à la vapeur d'eau, ce dernier
procédé permettant d'obtenir une huile essentielle. La damascena bulgare, quand à elle,
n'est traitée qu'à la vapeur.
La cueillette de la rose est particulièrement délicate. Le pire ennemi est le soleil,
car en pleine chaleur le parfum de la rose est plus fort mais moins suave. La cueillette
s'effectue donc dès l'aube, fleur à fleur, le plus rapidement possible. C'est vers 8h30
que la fleur est le plus riche en produits volatils. Un ouvrier agricole expérimenté
ramasse entre 5 et 8 kg par jour. Si ce nombre paraît a priori très important, il faut
savoir que 5 tonnes de fleurs sont nécessaires pour obtenir un seul kilo d'essence. Ce
qui nous ramène à un rendement horaire d'un peu plus d'un gramme d'huile essentielle...
Cette huile possède près de 300 constituants moléculaires, dont certains sont
difficilement identifiables. Cela explique que la synthèse n'ait pas encore réussi à
imiter parfaitement cette subtile base naturelle. On ne saurait s'en plaindre puisque cela
nous permet de sentir de très belles fragrances comme Joy de Jean Patou ou Paris d'Yves
Saint Laurent.
Le jasmin
Note fleurie, chaude, animale, épicée, fruitée, liquoreuse: la liste des
impressions olfactives liées au jasmin est infinie. L'espèce utilisée par les
parfumeurs est le jasmin grandiflorum. Probablement originaire d'Asie centrale et de
Perse, cet arbrisseau a été introduit à Grasse vers 1560 par des navigateurs espagnols
et a connu la consécration au XIXe et au début du XXe siècle. |
comme Patou ou Chanel,
ont depuis peu conclu des accords avec des agriculteurs qui exploitent directement le
jasmin pour leurs compositions.
On trouve également des cultures en Égypte, en Italie, au Maroc et en Inde, où la
main-d'uvre est nettement moins coûteuse. Le jasmin est une fleur d'été, sa
floraison s'étale d'août à octobre.
Si aujourd'hui la production de jasmin est assez réduite, il faut savoir qu'elle était
de 200 tonnes par an au début du siècle et qu'elle a même atteint près de 2000 tonnes
entre 1930 et 1940. Quand on sait qu'il faut près de 2000 fleurs pour obtenir 1 kilo de
jasmin.
Comme pour la rose, la cueillette s'effectue avant le lever du soleil par crante que la
rosée et la chaleur n'abîment les précieuses fleurs blanches. Elles sont cueillies une
par une. Un bon cueilleur récolte environ 700 gr de jasmin par heure. Une fois
acheminées vers l'usine, le plus rapidement possible, les fleurs sont trainées par
extraction. Il faut 750 kg de fleurs pour obtenir un kilo d'absolue.
Dans les années 30, certains parfums contenaient jusqu'à 10% d'essence absolue de
jasmin, aujourd'hui ce nombre est réduit, dans le meilleur des cas, à 1 ou 2 %. En
parfumerie, le jasmin est la fleur la plus utilisée de toues les fleurs blanches.
De l'avis même des compositeurs-parfumeurs, il n'y a pas de grand parfum sans jasmin. Il
a donné naissance à des classique, comme l'éternel N°5 de Chanel, Joy de Patou,
Arpège de Lanvin, Fleur de fleur de Nina Ricci ou encore First de Van Cleef.
La tubéreuse
Fleur entêtante, la Polianthes tuberosa ou tubéreuse, originaire du Mexique, a été introduite en France au XVIIe siècle pour être cultivée à Grasse. La cour du Roi-Soleil l'affectionnait particulièrement et les belles en ornaient leur corsage. Aujourd'hui l'essentiel de la production provient de l'Etat de Karnataka, au sud de l'Inde, où elle fleurit toute l'année. Son odeur est ample, chaude avec des accents balsamiques. Les parfumeurs l'utilisent dans des compositions de type oriental, comme Poisson de Christian Dior. |
Le narcisse
Fleur des montagnes au parfum inoubliable qui prospère dans les prairies du Jura, des Alpes et du Massif central. En France, on recense une 12en d'espèces de narcisse, dont la jonquille. Les parfumeurs utilisent le Narcissus poeticus, une espèce assez rare qui fleurit au mois de mai. Les feuilles, la tige et les fleurs sont traitées par extraction aux solvant. L'essence absolue obtenue rappelle l'odeur de la fleur, avec en plus une petite note verte, due aux traitements de la tige. |
C'est un produit très coûteux: la fleur est vendue 10 FR le kilo et 1200 kilo sont nécessaires pour obtenir un kilo d'absolue. La note obtenue est très puissante.
Le mimosa
Le mimosa originaire d'Australie, s'est très bien adapté en France. De la fin du mois de janvier au début du mois de mars, il couvre les massifs des Alpes-Maritimes et du Var. En fait les boules d'or ne sont pas constituées de pétales mais d'étamines, ce qui explique leur fragilité. Impossible en effet de conserver du mimosa coupé plus de 24 h. La fleur et la feuille sont traitées et produisent une essence absolue qui rappelle l'odeur de la fleur, à la fois douce et «chatouilleuse» |
C'est une fleur qui plaît beaucoup aux Anglo-Saxons mais qui n'a jamais vraiment été exploitée en note principale.
La fleur d'oranger
C'est la fleur de la virginité, comme en témoigne cette tradition grassoise qui
consiste à offrir une guirlande de fleurs d'oranger aux couples qui se marient pendant la
floraison, en avril-mai. Elle provient du Citrus aurantium amara, oranger amer, un arbre
originaire de Chine méridionale, introduit en Méditerranée à l'époque des Romains. |
On peut aussi obtenir une essence absolue de fleur d'oranger par extraction aux solvant. Le rendement est très faible: avec une tonne de fleur on obtient à peine un kilo de néroli. Les feuilles et les rameaux de l'oranger amer sont également traités et permettent d'obtenir une essence nommée petit grain, tandis que l'écorce de l'orange, traitée par expression, donne une essence appelée bigarade.
La lavande
Inévitablement liée à la à la Provence, mais aussi à l'odeur de propreté qui émane des produits de lessive, la lavande n'est plus guère à la mode en parfumerie. Contrairement à ce que l'on croit, la beauté des collines du Lubéron et des plateaux de Manosque n'est pas due à la lavande mais à une espèce hybride: le lavandin. L'authentique lavande utilisée en parfumerie est une plante moins haute, à la tige plus fine et dont le prix de revient est beaucoup plus élevé. On la trouve dans les alpes à partir de 1000 m d'altitude, mais surtout en Grande-Bretagne. |
Si aujourd'hui il est probable que les parfumeurs n'osent plus lancer un parfum à l'odeur caractéristique de lavande - qui est indéfectiblement liée à celle du linge frais -, ils l'utilisent dans les eaux de toilettes masculines en note de tête, pour apporter de la fraîcheur à la composition.
L'ylang-ylang
La Cananga odorata forma genuina, plus connu sous le nom d'ylang-ylang, est une
fleur qui évoque la chaleur suave et moite des tropiques. Originaire des Philippines,
elle a émigré vers les Comores et Madagascar, où elle est toujours cultivée. |
L'ylang-ylang est la fleur de la volupté et de la séduction, celle qui orne les cheveux des femmes de Manille et parfume les haremsLes parfumeurs aiment utiliser cette note qui démarre très vite -on dit qu'elle à beaucoup de «montant» - pour devenir ensuite plus florale, plus poudrée, et qui perdure dans une composition.