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Les Enchanteresses

 

Les Enchanteresses.

 

On les représente toujours merveilleusement belles. Elle n'hésite pas à employer toutes sortes de magies -la «rouge» celle d' l'amour  de préfèrence_ pour arriver à leurs fins. Elle se changent parfois en d'hideuses sorcières et se plaisent à resurgir plus plaisantes encore l'instant d'après. Les Enchanteresses -quoiqu'elles y prétendent- ne sont pas des Fées, mais des mortelles qui, par études, par initiation, ont acquis certains arts des Fées et puissances d'enchantements. Peu d'entre elles peuvent s'enorgueillir d'une lointaine parenté avec le royaume de Féerie. Ou bien comme Viviane, elles ont obtenu d'un mage la science d'enchantement. On dit qu'elles ne sont pas toujours bonne, jalouses, capricieuses et que leur part mortelle les rend fort dangereuses.
Grâce à leurs pouvoirs, elles agissent pareillement aux fées et Parques sur le destin des hommes. Quelques fois par amour, par profit ou perfidie.

 

Le chevalier entra par aventure au-dedans de la forêt. De longue errances le menèrent à la clairière du bois. C'était un feuillage de nœud de plusieurs chemins. Le feuillage après s'être serré au point que les ramures s'enlaçaient à lui, s'éclaircit, et le preux entra au-dedans d'un cercle de lande verdoyante. Là il vit la vieille dame hideuse. Si laide, groin de porc et crocs au-dehors. Tachelée et naine, bosselée des membres, un œil crevé, l'autre chassieux qui le regardait derrière des cheveux en paillasse tombant jusqu'à terre.
Elle prit un air mielleux pour l'appeler et à sa voix qui semblait un chant d'oiseau il se sentit faillir. Elle lui dit: «Beau sire, me voulez-vous épouser?» En d'autres lieux, hors de là, sans doute en aurait-il été autrement. Il aurait ri, ou se serait fâché et aurait poursuivi sa route plus loin, la délaissant.Mais il ne bougea pas. Il lui tendit même la main pour l'aider à monter en selle.

Cette fois il n'eut plus à lutter pour se frayer un passage au milieu des taillis, car ceux-ci s'écartaient avant qu'il n'en franchisse les murs et derrière eux se refermaient. Bientôt un château se montra à la fin d'une allée magnifiquement bordée de vergers.
De belles dames parées les aidèrent à descendre et à traverser maints jardins jusqu'à une salle immense où se dressait un autel apprêté pour la cérémonie. Il y eut banquet et bal et moult autres festivités et, à minuit, les époux furent conviés à se rejoindre dans la chambre nuptiale.
Comme le mari hésitait, elle dit de sa voix douce: «Ne voulez-vous pas vous coucher beau sire ?» Et ouvrant les yeux comme si il s'agissait de la première fois, il découvrit la plus belle femme qu'il ait jamais vu. «Je suis bien votre épouse, doux sire, dit-elle, en m'épousant vous m'avez à moitié délivrée de mon sort. Cependant au matin je devrais reprendre ma triste apparence, et ce la moitié de chaque jours, à moin que vous ne puissiez répondre à une question.»

«Préférez-vous me voir belle le jour et hideuse la nuit, ou préférez-vous me voir la nuit aussi belle qu'à cette heure et me laisser dans la journée recouvrer cette monstrueuse figure dans laquelle vous me vîtes ?»
Après un moment de réflexion le chevalier lui dit: «Je suis incapable de répondre à votre question. C'est à vous de choisir ce que vous préférez.»
«Voilà la bonne réponse à ma question, s'écria-t-elle. Car vous m<'avez offert ce que toutes les femmes désirent: la liberté de choisir sa propre vie. Désormais le sort est à jamais rompu. Jamais plus vous ne verrez la dame hideuse. A vous je serais pour toujours.
Et il en fut ainsi. 

 

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