La vie quotidienne de l'ours |
Les ours n'ont pas un sens du territoire aussi développé que certains autres animaux sauvages, car ils laissent leurs congénères en franchir les limites, mais il ne fait aucuns doute (sauf peut-être pour l'ours polaire) que chaque ours possède son domaine. Celui-ci est une zone bien délimitée que le plantigrade quitte rarement. L'animal choisit son territoire en fonction de ses besoins quotidiens (c.à d. qu'il lui faut de la nourriture, des points d'eau et des sites propices au repos, au sommeil et à l'hibernation). On estime qu'un ours brun évolue dans un rayon de 32 km , mais certains individus plus aventureux couvrent d'avantage de terrain. Le territoire de la femme grizzly se situerait autour des 70 km2 , mais comme dans la plus part des espèces le mâle se hasarde plus loin (parfois 290 km). Au sein de ces territoires certaines zones seront plus fréquentées que d'autre.
L'alimentation des divers espèces varie, car les ours sont fort opportunistes et se nourrissent dans une large mesure de ce qu'ils pourront trouver dans leur entourage immédiat. Certains sont davantage portés à un régime carnivore, tandis que d'autres préfèrent le système végétarien, mais dans les deux cas, ils tireront parti des ressources dont ils disposent.
Dans l'alimentation de l'ours figurent une grande variété de fruits (poires, groseilles, cassis, framboises, airelles, myrtilles, fraise) des racines, des tubercules, des champignons, des noix et des glands, de l'herbe, des insectes, du miel et des larves d'abeille sauvage. Pour satisfaire leur appétit carnassier, les ours préfèrent les écureuils, les taupes, les musaraignes et autres petits rongeurs, ainsi que les lézards, grenouilles, escargots et fourmis. En ce qui concerne les animaux plus volumineux, ils tuent et mangent les agneaux, les cochons et les sangliers, ainsi que les retardataires des troupeaux de caribous.
Le grizzly est un charognard-né, son alimentation comprend de 70 à 80 % de nourriture végétale. Il tue rarement lui-même les grands animaux, mais il est tout prêt à profiter d'une charogne bien faisandée que son odorat décèle à des distances parfois considérables. On a vu des grizzlys parcourir 28 km pour rejoindre la carcasse d'un animal mort. Il partagera ses trouvailles avec ses congénères, s'il en survient, et on les verra se nourrir côte-à-côte sans la moindre animosité. Souvent lorsqu'un ours trouve une charogne ou tue un gros animal dont il se nourrira pendant plusieurs jours, il le dissimulera entre ses repas sous un tas de terre , de feuilles et d'herbes pour décourager les amateurs.
Les ours bruns qui vivet près des rivières se nourrissent volontiers de poisson à certaines époques de l'année, notament lorsque les saumons remontent les rivières pour la ponte. Ils utilisent différentes méthodes pour attraper les poissons : ou bien ils se tiennent au bord de l'eau et projettent le saumon sur la rive d'un coup de patte; ou bien ils nagent jusqu'au milieu du fleuve et plongent d'un rocher sur leur proie qu'ils coincent contre le lit de la rivière en lui brisant l'échine.
Les femelles n'instruisent pas leurs petits dans l'art de la pêche, si bien que chaque animal se forge son propre style.
Une fois qu'il tient son butin l'ours l'emporte sur la terre ferme où il dévore méthodiquement la chair d'un coter, puis de l'autre pour ne laisser que la tête, la queue et les arêtes. Il existe chez l'ours une hiérarchie bien définie, strictement respectée sur les rives du fleuve où la pêche est mauvaise et le saumon rare. Ils se disputerons certes les meilleurs endroits, mais l'affaire sera vite décidée car chez les ours règne la loi du plus fort. Les jeunes et les retardataires se tiennent à bonne distance pour attendre leur tour, à moin qu'ils ne soient assez sûrs de leur force pour déloger les ours en place. Par contre, quand le saumon abonde, on trouvera sur une centaine de mètres 60 ou 80 ours occupés à pêcher tous ensemble en parfaite amitié.
L'ours assure sa prise en coinçant le poisson |
Puis, il l'emporte sur la terre ferme... |
Avant de se repaître de sa chair. |
Étant donné ses talent de grimpeur, l'ours monte souvent piller les nids, en quête d'ufs ou d'oisillons, ce qui ne l'empêche nullement de fouiller aussi les sous-bois pour y découvrir les cachettes des oiseaux qui nichent au sol. L'ours malais est le plus grand mangeur de miel, gourmandise appréciée de tous les ours quand ils en trouvent. Ils recherchent activement les nids d'abeilles en déchirant les arbres avec leurs griffes, lorsqu'il en a découvert un, il en sort le miel et les larves au moyen de sa langue démesurée et si jamais il est piqué, il semble bien que le goût du miel à apaiser la douleur !
L'ours polaire est sans doute le plus carnivore de tout les ours, ce qui n'a rien d'étonnant chez un animal dont l'habitat est recouvert de neige et de glace une grande partie de l'année. Les jeunes phoques sont un de ses mets favoris. Il les chasse de diverses manières. Parfois, il se met aux aguets dans la glace près du trou d'où il sait que le phoque a l'habitude de sortire pour respirer et le tue d'un coup de patte lorsqu'il émerge; ou alors il repère l'endroit où le phoque s'est assoupi sur la glace et nage sous l'eau pour remonter en surface juste à côté de sa victime qu'il expédie là aussi d'un coup de patte. L'ours polaire remplace volontiers le phoque par le jeune morse (il n'est pas assez sot pour s'attaquer à l'adulte), du poisson, les oiseaux aquatiques et de leurs ufs, les lemmings et les charognes, celle d'une baleine échouée par ex. Au printemps, il se nourrit d'herbe et de lichens, d'algues, de mousse et d'autres plantes que l'on peut trouver à cette époque a la surface du sol.
Comme on le voit, l'adulte de toutes les espèces passe la majeur partie de son temps à chercher sa pitance. Entre-temps il ne fait guère que de se prélasser ou dormir, quand il n'est pas en quête d'un antre bien abrité et bien cacher (sauf bien sur les espèces qui préfèrent les nids dans les arbres). L'ours se choisit généralement un antre ou un lit au plus profond des bosquets. Il creuse un trou profond d'une cinquantaine de centimètres, qu'il tapisse parfois de végétaux pour le rendre plus confortable. Ces refuges sont le plus souvent tout proches des lieux ou il a coutume de se nourrir et ils peuvent très bien servir à plusieurs individus.
L'ours n'hiberne pas vraiment en ce sens qu'il ne devient pas totalement inactif et impuissant durant les mois les plus froids, même s'il lui arrive de passer plusieurs jours de suite plongé dans un profond sommeil. Dés le retour du soleil, il s'éveille et quitte sa tanière pour manger. Les femelles mettent bas pendant cette période d'engourdissement et continuent à hiberner deux mois environ. Pendant ce long sommeil, sa t° ne baisse pratiquement pas et reste nettement supérieure à celle de l'environnement. Par contre la respiration et le pouls ralentissent considérablement.
La durée de l'hibernation dépend de nombreux facteurs : l'environnement, le climat, la réserve de graisse qui doit être suffisante pour permettre à l'animal une longue période de jeûne. Le grizzly passe 5 ou 6 mois par an à dormir, d'autres ours beaucoup moin de temps.
La plus part des ours bruns choisissent pour antres des grottes ou des cavités naturelles bien abritées au milieu d'énormes roches, et s'ils s'y sont plu ils y retourneront plusieurs hiver de suite. Les grizzlys au contraire utiliseront rarement des abris naturels; ils préfèrent creuser eux-mêmes leur repaire qu'il situent en général le long d'une pente raide, afin de réduire les risques d'inondation pendant le dégel, et sous les pieds d'un gros arbre dont les racines soutiendront le plafond de l'antre. Celui-ci est souvent exposé au nord; l'orifice sera ainsi recouvert par une couche de neige très épaisse qui sera d'autant plus isolante; l'ours capitonne sa demeure d'herbes, de feuilles et de branches mâchonnées.
Les grizzlys quittent leur territoires estival pour aller hiverner à 2400 - 2700 m d'altitude et ils préparent leur antre longtemps à l'avance. Il ne leur faut guère plus de 8 jours pour creuser le trou d'où ils sortent parfois plus d'une tonne de terre. En revanche, ils passeront plusieurs semaines à installer leur demeure et les femelles portantes veillent généralement à un maximum de confort en prévision de la naissance à venir.
Les ours noirs suivent à peu près la même méthode, creusant leur trou à flanc de colline ou sous un arbre abattu.
Après avoir pris toutes ses précautions en ingurgitant un maximum de nourriture, il semble bien que dans la majorité des cas, l'ours ne gagne son antre pour hiberner que lorsque le sol est recouvert d'une épaisse couche de neige. Juste avant sa rentrée dans la tanière, l'ours sombre dans une sorte de léthargie et perd conscience de son environnement. Une fois blotti au fond de sa grotte, notre plantigrade s'endort, il n'en sortira vraiment qu'au printemps suivant. Les mâles et les femelles sans enfants sortent les 1er, suivis des femelles dont les petits ont déjà un an et finalement des femelles accompagnées des nouveaux-nés.
Lorsqu'ils émergent après l'hibernation, les ours ont d'abord besoin de manger, car les longs mois de jeûne les ont laissés faibles et amaigris. Les carcasses des animaux morts pendant l'hiver sont une pâture bienvenue et parfois les bêtes affamées n'hésitent pas à tuer leurs congénères particulièrement affaiblis par l'hibernation. Ils dévorent aussi les baies qui ont survécu au froid et les restes de poisson qu'ils trouvent au bord des rivières.
Chez les ours polaires, seules les femelles fécondées et les mères des jeunes oursons hibernent. La plus part des mâles et femelles stériles passent la majeure partie de l'hiver sur les icebergs flottants, mais ils construisent aussi des sortes de refuges où s'abriter du mauvais temps ou des autres ours suffisamment affamés pour s'attaquer à leurs semblables.