L'ouverture de la bouche

 

 

La croyance selon laquelle la mort n'est pas la fin de la vie, mais une simple transition vers l'Au-Delà explique la momification et les rites élaborés de la cérémonie funèbre: en effet, le défunt ne peut trouver place dans l'autre monde que si son corps a conservé son intégrité et s'il emporte avec lui les aliments et autres objets qui lui sont nécessaires pour poursuivre son existence dans un monde qui est le reflet du nôtre.

Mais, pour bien préparer le mort à sa nouvelle vie, les Égyptiens vont instituer à partir de l'Ancien Empire une cérémonie spéciale, dit de l' ouverture de la bouche  qui permet de redonner au défunt son âme et l'usage de ses sens.

A l'origine, ce rituel était destiné à « animer » les statues tombales, et lorsqu'il fut étendu plus tard aux momies, on conserva symboliquement les mêmes instruments, ce qui explique l'usage cérémoniel d'outils de sculpteurs sur bois ou sur ivoire, et notamment de l'herminette, qui sert à ouvrir la bouche, les yeux, les oreilles et le nez de la momie.

 

Panoplie pour la cérémonie de l'ouverture de la bouche.

 

Un autre outil très ancien utilisé pour ce rituel est le couteau « en queue de poisson », qui remonte à l'âge de pierre mais que l'on continua longtemps à réaliser en silex, probablement parce que les Égyptiens attribuaient à cette pierre des propriétés magiques. La lame du couteau « ouvrait » les lèvres suffisamment pour que la statue (ou la momie) puisse absorber la nourriture et la boisson qu'on lui offrait.

 

Couteau « en queue de poisson » silex, longeur +/- 20 cm.

 

A partir de l'Ancien Empire, les ustensiles utilisés pour cette cérémonie sont ajoutés aux objets qui doivent figurer dans la tombe du défunt. La cérémonie de l'ouverture de la bouche et celle de l'enterrement sont illustrées à partir du Nouvel Empire sur les murs des chapelles, dans les tombeaux des personnages illustres. Plus tard on trouve dans le Livre des Morts, où le rite de l'ouverture de la bouche devant la tombe constitue la dernière étape de la cérémonie funèbre.

 

Céremonie d'ouverture de la bouche d'après le papyrus d'Hounefer.

 

Tout à gauche de l'image se dresse une tombe placée sous un pyramidion, à droite en avant plan, une stèle porte le texte de la prière d'offrande. A l'entrée de la tombe, la momie debout est soutenue par un prêtre portant une masque d'Anubis. A ses pieds, une pleureuse est agenouillée, tandis qu'une seconde pleureuse est debout face au défunt, toutes deux lèvent la main droite en signe de tristesse et se couvre la tête de cendres. Au 1er rang, on distingue 2 prêtres, ils exécutent 3 rituels, une des mains tient une herminette, deux autres tiennent les 4 vases ronds qui servent à la purification, la dernière porte à la bouche de la momie un bâton à tête de serpent.

L'ouverture de la bouche était pratiquée non seulement sur la momie mais aussi sur le sarcophage qui la contenait ce qui explique que, dans de nombreuses tombes datant du Nouvel Empire, les représentations de cette cérémonie donnent l'impression qu'il y a deux momies devant la tombe, en fait il y a une momie et un sarcophage momiforme.

 

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