Dans l'atelier de l'embaumeur

 

La famille emportait le plus rapidement le défunt chez l'embaumeur afin qu'il le prépare pour l'éternité. Les embaumeurs pratiquaient leur métier en dehors des villes, soit directement sur les rives du Nil, soit près d'un des canaux qui y menaient, car ils avaient besoin de beaucoup d'eau pour laver les corps. Ils travaillaient en plein air, probablement abrités par un toit en feuilles de palmier.

Les familles devaient en même temps que le corps emporter chez l'embaumeur certains objets, et en particulier les 4 vases canopes destinés à recevoir les poumons, le foie, l'estomac et les intestins du défunt et sur lesquels figurait son nom. Les embaumeurs avaient aussi besoin d'énorme quantités de lin pour envelopper les corps. Le lin n'était pas tissé spécialement à cette fin et l'on utilisait souvent de vieux draps et autres tissus récupérés découpés en bandelettes.

 

Les quatre vases canopes d'Iirty, Basse Époque. Hauteur 34-38 cm. Bandelettes de la momie de la princesse Nesitanebaskherou 3éme période intermédiaire, XXIe dynastie

 

La famille du défunt discutait avec l'embaumeur des techniques à employer et négociait le prix de l'opération, car un travail soigné était très coûteux. La table d'embaumement, en bois ou en pierre, était inclinée ou dotée d'une rainure pour permettre l'écoulement de l'eau et des fluides corporels lors du lavage du corps. La 1ére étape consistait à sortir le cerveau du crâne, à l'aide d'un crochet de fer, ils retirent une partie du cerveau par les narines, et le reste en injectant certaines drogues dans le crâne.

La boîte crânienne ainsi vidée, les embaumeurs y versaient des huiles d'embaumement. En se solidifiant, celles-ci, formaient une croûte. Il s'agit essentiellement de résines de conifères, complétées par de la cire d'abeille et par les huiles végétales parfumées, dans certains cas, on constate même la présence de bitume.  Les résines de conifères venaient du Liban le bitume provenait de la Mer Morte.

 

3 crochets qui servaient à extraire le cerveau longueur 28cm, 28,5cm et 33,5cm. Bitume, récipient pour huiles d'embaumement, cire d'abeille et résine de conifère.

 

Puis avec une lame tranchante en pierre d'Ethiopie, les embaumeurs font une incision le long du flanc, retirent tous les viscères, nettoient l'abdomen et le purifient avec du vin de palme et de nouveau avec des aromates broyés. L'incision pratiquée permettait de sortir les intestins et les divers organes; seul le cœur (siège de la pensée et des sentiments) restait ou était remis en place après la momification. Parfois cependant, il était remplacé par un scarabée en forme de cœur. Les embaumeurs nettoyaient les viscères, les traitaient au natron et les enveloppaient dans du lin, chaque paquet était ensuite placé dans le vase canope destiné à le recevoir.

Le corps entier était alors traité au natron, ce mélange de carbonate et de bicarbonate de soude, que l'on répandait à l'intérieur et à l'extérieur du corps, possède des propriétés hygroscopiques et il attire donc l'humidité des tissus. Il arrivait aussi que l'on place le natron dans de petits sachets de lin, ce qui permettait de renouveler régulièrement le produit chargé d'humidité. Ce traitement durait entre 35 et 40 jours.

Après dessiccation des tissus, les embaumeurs oignaient le corps avec diverses huiles d'embaumement et en répandaient à l'intérieur, comme ils l'avaient fait pour le crâne.

Le dernier stade de l'embaumement était le remplissage de la cage thoracique et des cavités abdominales. Les matériaux les plus utilisés à cette fin étaient le lin et la sciure de bois ou, plus rarement du limon provenant du Nil.

Après toutes ses opérations, l'incision abdominale était refermée à l'aide d'une compresse de lin, le corps était prêt pour sa demeure éternelle.

 

Indications fournies par les canopes

 

Les Égyptiens on très vite compris que la décomposition du corps commençait par les viscères, ils décidèrent donc de les extraire. Cependant, soucieux de conserver l'intégrité du mort, il ne les jetaient pas, mais les enveloppaient individuellement dans du lin et les ensevelissaient dans la tombe. Au début, ces paquets furent probablement déposés dans un endroit particulier de la sépulture, ce n'est que plus tard que l'on se mit à les conserver dans les vases dits « canopes », toujours au nombre de 4, un pour chaque organe. Ces vases ne se retrouverons dans les tombes des simples particuliers que plus tard sous la forme de vases nemset -en calcaire en albâtre ou terre cuite) fermés par un couvercle plat.

 

Vases canopes et pseudocanopes. Ancien Empire, Ve et VI e dynasties. Calcaire, hauteur : 30 et 34 cm, provenance : Gizeh.

 

A partir du Moyen Empire, les organes sont placés sous la protection des 4 fils d'Horis, Amset, Hapi, Douamoutef et Qebehsenouf. Une longue inscription comportant le nom du défunt figure sur le devant du vase, elle invoque traditionnellement ces 4 divinités mais aussi les déesses Isis, Nephtlys, Selqit et Neith.

Les couvercles même des vases canopes prennent une forme de tête humaine au Nouvel Empire, plus tard (au cours de la XIXe dynastie), ils adoptent les traits des 4 fils d'Horus, Amset, à tête humaine, garde le foie; Hapi, le babouin est le responsable des poumons; Qebehsenouf, le faucon veille sur les intestins, et Douamoutef, le chacal, protège l'estomac.

 

Vases canopes de Tanetdjedkhy, fin du Nouvel Empire. Calcaire, hauteur env. 30cm.

 

Les vases canopes du tombeau de Tanetdjedkhy, « fille de Djedkhy » sont typiques de cette période. Curieusement, l'inscription sur le vase fermé par la tête de cynocéphale comporte une erreur, car elle n'invoque pas Hapi mais Amset qui figure comme il se doit sur le second vase, qu couvercle anthropomorphe. Cette erreur permet de penser que les vases et les couvercles étaient fabriqués séparément.

 

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