Poisons et Remèdes

 

Les poisons sont toujours plus intéressants que les remèdes (le mal s'est toujours mieux vendu que le bien). Mais cela ne veut absolument pas dire que les sorcières n'employaient pas de nombreux et puissants remèdes.
Depuis l'Antiquité, les sorcières sont à la fois guérisseuses et empoisonneuses, les deux fonctions étant intimement liées. D'ailleurs, elles ne peuvent qu'être liées, car la même herbe est souvent un remède à petite dose, et un poison à haute dose. Venefica, empoisonneuse en latin, est le terme désignant la sorcière dans la plus part des langues romanes. Cela prouve à quel point la sorcière était associée aux plantes vénéneuses. C'est d'ailleurs toujours le cas.

 

Mais les sorcières furent aussi les premiers médecins, elles découvrirent la plupart des médicaments de la pharmacopée moderne - de la digitale (gant de bergère pourpre, ou Digitalis purourea) à l'éphédrine (Ephedra distachya), lesquelles sont toujours utilisées aujourd'hui.
Une des théories les plus séduisantes expliquant l'élimination des sorcières est qu'elles étaient des paysannes guérisseuses qui refusèrent de se soumettre à la juridiction de l'Eglise, moyennant quoi elles furent impitoyablement persécutées, au profit de l'organisation officielle des médecins qui, eux, rendaient hommage à l'Eglise.



Les Herbes de la Sorcière

Les herbes utilisées par les sorcières et les botanistes de l'ancien temps sont toujours employées par les pharmacologues et les magiciens d'aujourd'hui.

Les plus célèbres des herbes de sorcières , la mandragore, la jusquiame, le capuchon-de-moine (aconit), la ciguë, l'herbe aux sorciers (stramoine) et la belladone - toutes, curieusement mènent une double vie. Souvent, poisons mortels à haute dose, elle se transforment en philtres d'amour quand on les prend en petite quantité.
La Cigüe
La Ciguë
En fait chaque herbe de sorcières acquit une variété de noms différents au fil des siècles, chacune traîne derrière elle un cortège de légendes, tel des voiles de mariée déchirés.
La ciguë, est associée à Socrate, condamné à boire un mélange de jus de ciguë, de laudanum et de vin - la mort «douce» réservée aux criminels privilégiés.
la Belladone.
La Belladone

 

 

 

Quant aux autres condamnés à mort ordinaires, on leur faisait avaler de l'aconitine, le poison renfermé dans le capuchon-de-moine et qui provoque une mort beaucoup plus douloureuse et violente.

La jusquiame, bien connue des herboristes égyptiens et grecs est surtout célèbre à cause de Circé, qui l'aurait utilisée pour
Jusquiane
La jusquiame
métamorphoser les compagnons d'Ulysse en porcs, et à cause de la  Pythie de Delphes, prêtresse qui formulait ses prophéties en respirant la fumée d'un feu de graines de jusquiame... Du moins selon la légende. Médée est également associée aux propriétés vénéneuses de la jusquiame - mais on ne sait pas si elle l'utilisait comme poison ou comme narcotique.
L'aconit
L'aconit

La jusquiame contient de l'hyoscyamine et de la scopolamine, on l'employait à la fois comme narcotique ou drogue psychotrope (modifiant la conscience), et comme poison.



La Cueillette des Herbes

Les sorcières cueillent leurs herbes sous le couvert de la nuit non seulement pour des raisons de discrétion, mais aussi parce qu'elles croient qu'on doit arracher les plantes durant telle ou telle phase de la lune; si l'on veut en extraire tous leurs pouvoirs.

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Il fallait cueillir certaines herbes à la lune montante, d'autres à la lune déclinante, d'autres encore durant la pleine lune (ainsi le Botrychium lunaire), et certaines pendant une éclipse. La sorcière devait être nu ou «revêtu du ciel», pour la cueillette.